On ne meurt pas d'une overdose de rêve.
Je ferme les yeux, laisse cette voix dévorer mes oreilles, se frayer un chemin dans ma gorge, frôler mon cœur, arracher mon estomac, balayer mon intestin grêle. Je sens mes cellules absorber chaque note de musique. Quatre de mes cinq sens semblaient avoir disparu. Entendre, écouter, ressentir. Et c’est tout. Je rouvre les yeux. Les projecteurs m'aveuglent le temps de l’accommodation, je revois tous ces gens qui m’entourent, dans le même état de transe que moi, je comprends tout à coup le sens du mot osmose. Dans le stade bondé, tout le monde devait être heureux. Juste là, à cette seconde précise. Après le concert, nous retrouverons nos vies si banales, si ennuyeuses et si pathétiques, mais à cette seconde précise nous sommes ensemble, et c’est tout ce qui compte. A la dernière note, la pluie se met à tomber, brutalement, c’est magique. Lorsque le chanteur susurre des remerciements dans son micro, je crie, de toutes mes forces. Puis les projecteurs s'éteignent, les milliers de personnes présentes ont l’air abasourdi. C'est fini.